Kalpona Akter

militante syndicaliste et activiste du Bangladesh

«  Je suis une fauteuse de trouble  !  ", entame Kaplona Akter tout en affichant un large sourire. Ancienne travailleuse de l’habillement, militante syndicaliste et activiste, cela fait plus de trois décennies que la Bangladaise «   secoue le monde ».

«   Où il y a injustice, il doit y avoir prise de parole, lui a souvent répété sa mère, qui l’a précédée dans une usine de Dacca. Pourquoi ça ne serait pas moi  ?  », se demande la jeune Kaplona. Elle a 14 ans et travaille depuis deux ans déjà dans une usine textile  : comme les 4 millions de personnes qui travaillent dans le secteur de l’habillement, elle y passe des centaines d’heures par mois pour un salaire indécent. Devant l’abaissement du salaire dû, elle choisit de suivre un mouvement de grève.

A 17 ans, son statut de leadeuse syndicale l’expose aux représailles. L’usine la licencie. Elle est envoyée en prison pour être finalement mise sur une liste noire l’empêchant de retrouver un emploi.  «   La colère m’a poussée à prendre la parole  : mon ancien patron a fait de moi qui je suis   !  », dit-elle. A 47 ans, Kaplona Akter est l’une des figures de proue de l’activisme pour les droits humains, au Bangladesh et au-delà. «  Je me bats pour des emplois dignes   », résume-t-elle  : des salaires décents, la liberté d’exercer ses droits syndicaux et de négocier, des usines sûres, sans violence, une protection sociale.

A cet égard, «  un pas dans la bonne direction    » a été fait avec la directive européenne sur le devoir de vigilance devoir de vigilance des entreprises, qui pose la question de la responsabilité des grandes marques quant au respect des droits du travail tout au long de la chaine de valeur, y compris la répression à leur égard. «  Cette responsabilité, c’est la mère de toutes les batailles    », estime Kaplona Akter, qui illustre  : «  Pour avoir manifesté en 2023 pour réclamer leur droit à un salaire digne, des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses sont sous la menace de poursuites judiciaires   ».

Adoptée il y a un an, la directive voit ses ambitions fortement diminuées. «   L’accès à la justice est-il si effrayant  ?   », interroge l’activiste. Et de rappeler l’interdépendance qui nous lie, d’un bout à l’autre de la chaîne. «  J’ai rêvé de changer les choses  et je ne m’arrêterai que quand j’aurai réussi  », ponctue Kaplona Akter.

H&M, Zara : Cessez de criminaliser les travailleurs de l’habillement du Bangladesh !

Les travailleur·euses qui protestaient contre l’échec de la révision du salaire minimum en 2023 ont été victimes d’une violence et d’une répression policières extrêmes : 4 ont été tué·es, 131 ont été arrêté·es et environ 30 000 personnes font toujours l’objet d’accusations largement infondées, simplement pour avoir exercé leur droit de s’organiser et d’exiger un salaire digne !

H&M et Zara font partie des marques liées au plus grand nombre de cas de répression des travailleur·euses. Nous demandons à H&M et Zara de prendre des mesures urgentes pour garantir l’abandon de ces accusations infondées et des charges criminelles qui pèsent sur les travailleur·euses !

> Participez à l’action d’interpellation

  • Mise en ligne : 6 mars 2025