L’Argentine sous Milei : épouvantail ou propulseur pour l’accord UE-Mercosur ?
Les discours de la Commission européenne et du nouveau président argentin Javier Milei convergent sur la nécessité de signer rapidement le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, en négociations depuis 25 ans. La mise en œuvre de cet accord en l’état ne ferait toutefois qu’aggraver les abus existants en matière de droits humains et sociaux, ainsi que les impacts environnementaux, tout en contribuant à légitimer le projet politique, économique et géopolitique porté par Milei. Décodage.
L’Union européenne avait suspendu les négociations de l’accordqu’elle tente d’établir avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) quelques mois après le début du mandat de Jair Bolsonaro en raison de l’intensification de la déforestation favorisée par le président brésilien. Elle ne semble pas aussi réticente à le signer sous la présidence de Javier Milei, et ce en dépit des atteintes aux droits sociaux et des attaques à l’État de droit en Argentine. Les négociations entre les deux blocs régionaux, bien que politiquement bloquées par le contexte électoral en Europe, se poursuivent au niveau technique. Le négociateur en chef de l’UE, Rupert Schlegelmilch, qui s’est rendu en mai dernier dans les quatre pays du bloc régional sud-américain, affirme même avoir pratiquement finalisé les discussions sur l’instrument additionnel [1] censé donner des garanties sociales et environnementales supplémentaires nécessaires à l’Europe en vue d’une approbation rapide de l’accord après les élections européennes [2].
Le projet politique, économique et géopolitique porté par Javier Milei pour l’Argentine constitue-t-il un frein ou un accélérateur pour la conclusion de l’accord entre l’UE et le Mercosur ? Éléments de réflexion.
L’Argentine, une puissance régionale en proie à de profondes crises
D’un point de vue macro-économique, l’Argentine est une puissance géographique (huitième plus grand pays du monde par sa superficie), démographique (quatrième plus grande population d’Amérique latine) et économique (la troisième plus grande économie d’Amérique latine, derrière le Brésil et le Mexique). Elle est dotée d’importantes réserves de pétrole, de gaz de schiste, d’or et de lithium, ce qui en fait un acteur et un partenaire économique clé tant pour les puissances occidentales que pour la Chine.
L’Argentine est toutefois confrontée à de multiples crises, notamment une crise économique et sociale qui ne cesse de s’aggraver. Le pays fait face à une récession économique (-1,9% en 2023 selon les chiffres de l’INDEC et une prévision du FMI de -3,5% en 2024) et un accroissement du déficit budgétaire (5,2% du PIB en 2023), générant des incertitudes quant à la solvabilité de l’État [3]. En parallèle, l’inflation a explosé, atteignant 211,4% en 2023 contre 94,8% en 2022 [4], avec pour conséquences le renforcement de l’insécurité alimentaire, le creusement des inégalités sociales et surtout le fait que plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté [5]. Un contexte qui a de quoi permettre à Javier Milei de ne pas déroger à la pratique politique propre à l’Argentine, où chaque nouveau gouvernement diabolise le précédent et fait table rase de ce qu’il a accompli [6].
Javier Milei, « le marché » pour résoudre tous les problèmes du pays
C’est en instrumentalisant ce contexte de crise et le rejet du péronisme [7] par une large partie de la population que Javier Milei a été élu au second tour de l’élection présidentielle argentine, le 19 novembre 2023. Son discours antiétatique, ultralibéral et individualiste a mobilisé 55,65% des voix, dont les votes d’une partie de la population qui bénéficie peu ou pas de la protection sociale de l’État, à savoir les moins de 35 ans.
À la tête de sa formation politique « La Libertad avanza », Milei se présente comme un adepte de l’anarcho-capitalisme. Cette philosophie politique remet en cause la notion même d’État et prône un libéralisme économique devant s’exercer dans le cadre d’un capitalisme dérégulé, associé à une remise en cause du libéralisme politique [8]. Pour Milei, seul un choc libéral d’ampleur peut remettre le pays sur la voie de la prospérité et y attirer de nouveau les investissements étrangers. C’est pourquoi il en appelle à réduire drastiquement les dépenses publiques (réduction du nombre de ministères, suppression d’emplois publics, suspension ou fermeture d’institutions et d’agences publiques, de médias nationaux, etc.) ainsi qu’à privatiser les entreprises publiques, et ce au prix d’une dégradation des conditions sociales de la population argentine [9].
La loi omnibus : des réformes radicales, anti-démocratiques et polarisantes
Le nouveau président argentin a débuté son opération de dérégulation de l’ensemble des activités de la vie économique, de démantèlement des programmes sociaux et de restriction des droits individuels et collectifs dès le lendemain de son investiture, le 10 décembre 2023. Faute de pouvoir s’appuyer sur une majorité parlementaire pour mener à bien son projet via la loi, il procède à coups de décrets présidentiels face à l’opposition.
Une semaine après avoir signé un « Décret de nécessité et d’urgence » (DNU 70/23) le 20 décembre 2023, Javier Milei présentait un nouveau projet de dérégulation encore plus ambitieux : la « Loi des bases et points de départ pour la liberté des Argentins », dite loi omnibus. Avec ses 660 articles, ce projet de loi touche à de nombreux domaines de la vie de la population argentine, tels que la fiscalité, les retraites, l’éducation, la culture, la sécurité, l’énergie, la répartition des ressources financières entre l’État et les provinces, etc. Il prévoit entre autres des coupes dans les dépenses publiques et les subsides, la privatisation d’une quarantaine d’entreprises publiques [10] et une réforme du droit du travail (qui limite le droit de grève, supprime les sanctions en cas de contrats irréguliers ou encore autorise des journées de travail de 12 heures). À cela s’ajoute également la modification des lois pour la protection des forêts primaires, des terres autochtones et des glaciers, afin de faciliter les possibilités d’acquisition de propriétés foncières pour les investisseurs étrangers. Ce projet de loi permettrait également à Milei de s’arroger des pouvoirs spéciaux. En proclamant, dans son article 1er, « l’état d’urgence » en matière économique, financière, fiscale, administrative, de sécurité sociale, tarifaire, sanitaire ou encore sociale durant un an, il prévoit la possibilité pour le pouvoir exécutif de gouverner par décret jusqu’au 31 décembre 2025.
La loi omnibus a été votée au Congrès le 29 mai et au Sénat le 12 juin 2024 [11]. Bien que réduite à 232 articles après avoir essuyé un revers législatif dans sa première mouture, l’esprit de la loi a été conservé, en particulier la délégation des pouvoirs législatifs à l’exécutif dans quatre domaines clés (administratif, économique, financier et énergétique), la réforme du travail (bien qu’elle ait été déclarée « inconstitutionnelle » par un tribunal fédéral [12]), la privatisation d’une dizaine d’entreprises d’État, ainsi que les exemptions fiscales destinées à attirer les investissements étrangers. Présentées par Milei comme « révolutionnaires », ces mesures font écho à celles prises dans les années 1990 sous le gouvernement de Carlos Menem qui ont mené à la banqueroute de 2001. Elles risquent d’accentuer la polarisation de la société argentine et d‘attiser les tensions sociales. D’ailleurs, depuis l’arrivée au pouvoir du président Milei, le pays a déjà connu deux grèves générales lancées à l’appel des principaux syndicats (la Confédération générale du travail et la Centrale des travailleurs et travailleuses de l’Argentine [13]).
L’enjeu géopolitique : repositionner l’Argentine sur la scène mondiale
Cette loi omnibus, en facilitant les investissements étrangers, constitue également un jalon important dans la mise en œuvre du projet de Milei en matière de politique étrangère.
« Aujourd’hui, nous adoptons le modèle de la liberté, pour redevenir une puissance mondiale » [14]. Tels étaient les premiers mots de Milei dans son discours de victoire. Pour atteindre cet objectif géopolitique, le président argentin a entrepris un réalignement du pays dans un axe atlantiste et occidentaliste [15]. Ce positionnement passe principalement par l’insertion de l’Argentine au sein du commerce international et d’un système d’alliances économiques privilégiées avec les États-Unis et les pays dits « libéraux ». Il implique une prise de distance vis-à-vis de la politique de coopération Sud-Sud menée sous le gouvernement d’Alberto Fernández, et un discours critique vis-à-vis du « Brésil de Lula » et de la « Chine communiste », pourtant les principaux partenaires économiques, commerciaux et financiers du pays [16]. Fin 2023, l’Argentine a par exemple refusé d’intégrer le groupe des BRICS+ [17].
Ce réalignement au niveau international inclut également une diplomatie volontariste à l’égard de l’UE et de ses Etats membres, en particulier en termes de coopération dans le domaine de l’exploitation minière et des matières premières. L’Argentine cherche en effet à se positionner comme un « fournisseur sûr et durable de minerais » (lithium, cuivre, cobalt, etc.) nécessaires à la transition énergétique de l’UE [18]. C’est ce qui explique le « soutien total » de Milei à l’accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur, dont il considère la conclusion comme une « priorité ».
Conclusion : l’UE doit conditionner la signature de l’accord UE-Mercosur
traité UE-Mercosur
Accord UE-Mercosur
l’accord d’association entre l’UE et le Mercosur
traité de commerce entre l’Union européenne et les pays du Mercosur
La politique de Milei cherche à criminaliser la protestation sociale et à anéantir tout mécanisme visant à préserver l’environnement et la souveraineté sur les ressources naturelles. La situation actuelle en Argentine ne diffère pas fondamentalement de celle du Brésil de Bolsonaro en 2019. L’UE avait alors suspendu les négociations en raison de l’intensification de la déforestation favorisée par le président brésilien. Le projet politique, économique et géopolitique porté par Milei pour l’Argentine est un argument suffisant pour rejeter l’actuel projet d’accord UE-Mercosur. Il n’est pas le seul.
Malgré les discussions en cours sur l’instrument additionnel, la perspective de la mise en œuvre de l’accord commercial UE-Mercosur est préoccupante, et ce à plusieurs niveaux. D’un point de vue environnemental, l’expansion de l’agro-industrie et des monocultures que favorise cet accord entraînerait une augmentation de la déforestation et la destruction de certains des écosystèmes cruciaux, non seulement dans la partie argentine du Gran Chaco mais également dans l’Amazonie et le Cerrado brésiliens [19].
Sur le plan social, le renforcement de ce modèle agro-industriel favoriserait les accaparements des terres au profit d’activités d’agriculture et d’élevage à grande échelle et une concurrence déloyale pour l’agriculture familiale des deux côtés de l’Atlantique, aucun garde-fou n’étant prévu en ce qui concerne les risques de dumping agricole. L’expansion de l’agro-industrie risque également d’aggraver les abus existants en matière de droits humains et sociaux, en particulier l’intensification de la criminalisation des mouvements sociaux et paysans que l’on observe déjà. Au Brésil, le Congrès fédéral a par exemple voté une loi (PL 490/2007, Marco temporal) qui limite la possibilité de revendication des terres par des groupes autochtones.
Du point de vue sanitaire, l’augmentation du commerce de pesticides toxiques par-dessus l’Atlantique représente un risque pour l’ensemble des populations. Entre 2018 et 2019, l’UE a exporté vers le Mercosur près de 7 000 tonnes de pesticides dont l’utilisation est interdite sur le territoire de l’UE [20]. En réduisant les droits de douane sur les exportations européennes de produits chimiques, l’accord commercial permettrait aux entreprises européennes d’exporter encore plus de pesticides vers le Mercosur.
Plutôt que de poursuivre les négociations en coulisses [21], la Commission européenne devrait conditionner la signature de l’accord avec les pays du Mercosur au respect de balises essentielles en matière de respect des normes environnementales mais également sociales, sanitaires et des droits humains. Pour ce faire, il faudrait au minimum inclure un mécanisme de sanction pour rendre opposable le chapitre de l’accord sur les normes sociales et environnementales normes sociales et environnementales , ainsi que réviser les dispositions sur les marchés publics afin de garantir les marges de manœuvre politiques nécessaires aux pays du Mercosur pour soutenir leurs PME et développer des capacités de production industrielle [22]. L’UE devrait également appliquer des mesures miroirs [23] pour le commerce des produits chimiques nocifs pour la santé et l’environnement et interdire l’exportation de ces produits depuis l’UE vers les pays du Sud, dont les pays du Mercosur.
[1] Pour répondre aux critiques sur l’impact environnemental de l’accord et contourner les blocages politiques dans certains États membres, la Commission européenne a proposé d’assortir le volet commercial de garanties supplémentaires dans un instrument additionnel. Les pays du Mercosur ont ensuite fait une contre-proposition dans laquelle ils rejettent toute forme de sanction, exigent des mécanismes de compensation dans le cas où les concessions commerciales négociées seraient suspendues ou annulées par le règlement européen zéro-déforestation, réclament une aide financière de 12,5 milliards d’euros pour assurer la mise en œuvre des garanties environnementales additionnelles et contestent certaines parties de l’accord, telles que les dispositions sur les marchés publics.
[2] Ricardo Della Coletta et Nathalia Garcia, « Acordo com Mercosul está muito vivo e aguardamos janela política, diz negociador da UE », Folha de S.Paulo, 2 mai 2024 : https://www1.folha.uol.co....
[3] Pour rappel, l’Argentine n’a plus accès aux marchés internationaux et son financement externe est principalement dépendant de l’accord pour une restructuration de la dette conclu en mars 2022 avec le FMI.
[4] Instituto Nacional de Estadística y Censos de la República Argentina (Institut national de la statistique et du recensement d’Argentine) : https://www.indec.gob.ar/. L’inflation pourrait atteindre 250% en 2024, selon les prévisions du FMI et de l’OCDE.
[5] Chiffres de l’Observatorio de la Deuda Social Argentina de la Universidad Católica Argentina (ODSA-UCA), cités dans « Un estudio de la UCA estimó que la pobreza en Argentina ascendió al 55,5% y la indigencia al 17,5% », Infobae, 3 juin 2024 : https://www.infobae.com/p....
[6] Sophie Leroy, « Javier Milei et ses premiers jours à la tête de l’Argentine : tout en force », L’Echo, 28 décembre 2023 : https://www.lecho.be/econ....
[7] Le péronisme, né en 1945 avec le premier gouvernement de Juan Domingo Perón, est l’un des plus anciens concepts politiques en Amérique latine. En rupture face aux intérêts des élites qui dominaient alors l’Argentine, il se définit historiquement comme un mouvement représentant les travailleurs et donnant une visibilité aux classes populaires, tout en se présentant comme une alternative au socialisme et au communisme. Voir Alain Rouquié, Le Siècle de Perón. Essai sur les démocraties hégémoniques, Paris, Seuil, 2016.
[8] L’un des ouvrages qui a inspiré Javier Milei est celui de Murray N. ROTHBARD, For A New Liberty : The Libertarian Manifesto, New York, MacMillan Company, 1973.
[9] « Javier Milei : « Hoy damos por terminada una larga y triste historia de declive en Argentina » », 10 décembre 2023 : https://www.youtube.com/w....
[10] Elle prévoit la privatisation de 41 entreprises publiques, dont le géant pétrolier YPF, la compagnie aérienne Aerolineas Argentinas, ou encore la société ferroviaire Ferrocarriles Argentinos. Certaines de ces entreprises avaient déjà connu la privatisation, avant de revenir dans le giron public.
[11] Gonzalo Colini, « Qué es la Ley Bases de Javier Milei que aprobó el Senado y cuáles son los principales puntos », La Nación, 13 juin 2024 : https://www.lanacion.com.....
[12] À la demande de la Confédération générale du travail (CGT), la Cámara de Trabajo, un tribunal fédéral spécialisé dans les questions de travail, a déclaré le 30 janvier 2024 « l’invalidité constitutionnelle » de la première version de la réforme du travail, entraînant des modifications au texte. La plupart des modifications opérées ne changent toutefois pas l’esprit de la réforme. Constanza Lambertucci, « La justicia argentina declara inválida la reforma laboral que Milei impuso con un megadecreto », El País, 30 janvier 2024 : https://elpais.com/argent....
[13] « En Argentine, deuxième grève générale contre le président ultralibéral Javier Milei », Le Monde, 9 mai 2024 : https://www.lemonde.fr/in....
[14] Cités dans Flora Genoux et Angeline Montoya, « En Argentine, le choc et les interrogations après l’élection triomphale de Javier Milei à la présidence », Le Monde, 20 novembre 2023 : https://www.lemonde.fr/in....
[15] Voir https://www.casarosada.go....
[16] Ce discours critique n’a toutefois pas empêché, en juin 2024, la Chine et l’Argentine de prolonger jusqu’en juillet 2026 un accord d’échange de devises (swap) d’une valeur de 5 milliards de dollars. Manuela Tobias, « Argentina Central Bank Says China Swap Renewed Until July 2026 », Bloomberg, 12 juin 2024 : https://www.bloomberg.com....
[17] En août 2023, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) avaient annoncé qu’ils accueilleraient six nouveaux membres au 1er janvier 2024 : l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Milei a finalement refusé fin 2023 de concrétiser cet engagement pris par son prédécesseur. « Brics : What is the group and which countries have joined ? », BBC News, 1er février 2024 : https://www.bbc.com/news/....
[18] Ministerio de Relaciones Exteriores, Comercio Internacional y Culto de la República Argentina, « En Bruselas, la canciller Mondino ratificó el compromiso de la Argentina para profundizar la relación estratégica con la Unión Europea y sus países miembros », Información para la Prensa n°240/24, 6 mai 2024 : https://cancilleria.gob.a....
[19] FOE, The last agricultural frontier. The increase of deforestation in less-protected Mercosur territories, Bruxelles, novembre 2023 : https://friendsoftheearth....
[20] Larissa Mies Bombardi, Geography of Asymmetry : the vicious cycle of pesticides and colonialism in the commercial relationship between Mercosur and the European Union, University of Sao Paulo, mai 2021.
[21] Fernanda Kobelinsky, « La UE acelera el acuerdo con el Mercosur y ofrece triplicar los fondos de cooperación si se firma », Infobae, 30 mai 2024 : https://www.infobae.com/p....
[22] Sophie Wintgens, « UE-Mercosur : faire de l’accord commercial un levier de développement durable », Note politique du CNCD-11.11.11, n° 37, décembre 2023 : https://www.cncd.be/IMG/p....
[23] Amaury Ghijselings, « Pacte vert européen : des mesures miroirs pour la transition agricole », Note politique du CNCD-11.11.11, n°39, février 2024 : https://www.cncd.be/pacte....





