L’aide mondiale au développement en légère hausse, mais la Belgique s’éloigne de l’objectif international de 0,7%
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie aujourd’hui les chiffres de l’aide au développement pour l’année 2023. On y découvre que l’aide a légèrement augmenté au niveau mondial, mais qu’elle a baissé dans les pays donateurs de l’Union européenne, et que la Belgique s’est éloignée de l’objectif international de 0,7%.
Au niveau international, l’aide au développement a augmenté de 1,8%, pour atteindre un nouveau niveau record de 224 milliards USD. Cette augmentation s’explique notamment par l’aide apportée à l’Ukraine (augmentée de 9% par rapport à 2022) et une hausse de l’aide humanitaire. Les Etats-Unis sont toujours le plus grand donateur en termes nominaux, suivis par l’Allemagne, le Japon, le Royaume Uni et la France.
Pourtant, les pays donateurs n’ont contribué qu’à hauteur de 0,37% de leurs richesses à l’aide au développement en 2023. Cinq pays seulement ont respecté l’engagement international de mobiliser 0,7% du revenu national brut pour la coopération au développement : le Danemark (0.74 %), l’Allemagne (0.79 %), le Luxembourg (0.99 %), la Norvège (1.09 %) et la Suède (0.91 %).
Par ailleurs, l’aide des pays donateurs membres de l’UE a diminué de 8% entre 2022 et 2023 : elle ne représentait que 0,52% de leur revenu national brut combiné. Cela contraste avec l’aide des institutions européennes, qui connaît une augmentation de 10% en 2023, due en grande partie au soutien à l’Ukraine. Résultat : plus de la moitié (54%) de l’aide des institutions européennes est allée à l’Ukraine.
Si l’aide à l’Ukraine est indispensable, elle ne peut se faire au détriment des pays les plus pauvres du monde. Certes, en parallèle, l’aide vers l’Afrique a augmenté de 2% en 2023, mais après une chute de 11% en 2022. De même, l’aide destinée aux pays dits « les moins avancés » (pays dont les indices de développement humain sont les plus faibles) n’a augmenté que de 3% en 2023, alors qu’elle avait diminué de 6% en 2022.
De son côté, la Belgique a vu son aide stagner à 2,8 milliards USD. Alors qu’elle ne consacrait déjà que 0,45% de son RNB à l’aide au développement en 2022, ce chiffre a diminué en 2023, passant à 0,44%. Notre pays reste donc sous la moyenne européenne, et s’est même éloigné de l’objectif international de 0,7%. Ceci, alors même que la Belgique continue de comptabiliser comme de l’aide des financements qui n’en sont pas : les frais d’accueil de réfugiés représentaient encore 12% de l’aide belge en 2023, comme l’année précédente. Malgré que ces frais soient nécessaires, ils sont dépensés sur le territoire belge et n’ont pas pour objectif le développement de pays du Sud. Une note positive tout de même pour la Belgique : comme en 2022, les frais d’accueil de réfugiés ukrainiens n’ont pas été comptabilisés comme de l’aide au développement au niveau fédéral. Cela explique que les montants de l’aide belge n’aient pas fluctué. En effet, d’autres pays donateurs qui avaient comptabilisé ces frais comme de l’aide au développement en 2022, ont vu leur aide diminuer massivement en 2023 : -51% pour l’Estonie, -37% pour la Pologne, -34% pour la République tchèque.
Selon Arnaud Zacharie
Arnaud Zacharie
, Secrétaire-Général du CNCD-11.11.11, « Malgré que l’aide mondiale ait légèrement augmenté, elle a diminué au niveau des Etats membres de l’UE et de la Belgique, qui s’éloigne de l’objectif de 0,7%. Nous sommes pourtant encore très loin de réaliser les Objectifs de développement durable
Objectifs de Développement Durable
Objectifs de développement durable
ODD
SDG
Les objectifs de développement durable (ODD), adoptés en 2015, constituent le cadre de référence des Nations unies pour le développement international. Ils remplacent les 8 objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui se focalisaient sur les seuls symptômes sociaux de la pauvreté dans les pays en développement, sans en interroger les causes structurelles. Principaux changements ? Tous les pays sont concernés et les objectifs, désormais au nombre de 17, sont déclinés en 169 cibles précises. Les ODD sont donc, en bref, l’horizon que s’est fixé l’ONU pour un développement harmonieux.
Ce programme est ambitieux, puisqu’il vise à généraliser à l’ensemble du monde le développement économique et social, tout en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation des ressources naturelles. Une perspective illusoire sans une transition rapide et radicale vers de nouveaux modèles de développement, à la fois plus pauvres en carbone, moins gourmands en matières premières et plus équitablement répartis.
pour 2030. Dans un monde interconnecté, nous devons investir dans la solidarité internationale pour construire un monde plus stable, juste et durable. Et si notre solidarité est forte vis-à-vis de l’Ukraine, elle doit l’être tout autant vis-à-vis des pays africains. »



