Ouganda : l’agroécologie pour contrer l’absentéisme scolaire
Dans la région de l’Ouest de l’Ouganda, une large partie de la population, à 80% paysanne, souffre de la faim. C’est particulièrement le cas des enfants du district de Tooro. La malnutrition sévère et chronique y atteint des niveaux dra- matiques : elle touche aujourd’hui 38% des enfants de moins de 5 ans - contre 40% en 2016 - alors que la moyenne natio- nale s’élève à 20%.
« Nous nous trouvons en milieu périurbain, soulève Hope Enid. Les parents, qui vivent de l’agriculture ou du petit élevage, ne disposent pas de suffisamment de nourriture pour leurs enfants », explique cette institutrice à l’école primaire de Karambi, en périphérie de la ville de Fort Portal. "On pouvait le constater dans nos classes : le retard de croissance dû à la malnutrition était récurrent et se transmettait de génération en génération », raconte-t-elle.
Si les conséquences sur la santé et le développement des enfants sont graves, le manque d’accès à la nourriture favorise également l’absentéisme scolaire. « Certains enfants ne venaient pas à l’école par peur d’avoir faim et ceux qui étaient présents n’arrivaient pas à se concentrer », se souvient l’institutrice.
Combattre la malnutrition chronique sévère
A l’école primaire de Karambi comme dans quatre autres établissements scolaires, l’ONG ougandaise KRC, partenaire d’Iles de Paix et de Humundi, soutenue par l’Opération 11.11.11, forme les enseignants aux techniques agroécologiques et à la nutrition et fait de même avec les élèves. Des apprentissages que ces derniers mettent en pratique dans le jardin potager de l’école. Bananiers, plants de haricots, choux, pommes de terre, patates douces garnissent un jardin luxuriant qu’entretiennent, tous les vendredis, les élèves du club de nutrition. « Ces aliments sont ensuite cuisinés à l’école et consommés par les enfants à midi, leur garantissant au moins un repas sain et équilibré par jour », poursuit Hope Enid, responsable du projet.
Les enfants transmettent et disséminent ensuite les savoirs autour d’eux, à commencer par leur famille. « Ils éduquent leurs parents, qui changent ensuite leur manière de cultiver », observe l’institutrice. Des semis et des pesticides organiques fabriqués par les enfants sont d’ailleurs régulièrement distribués aux familles des élèves.
Dans le même ordre d’idée, KRC forme spécifiquement les familles touchées par la malnutrition sévère aux techniques agroécologiques, à la santé et à la nutrition. « Elles sont elles-mêmes vecteurs dans leur communauté et y amènent un changement plus large des pratiques », précise Eric Oteba, chargé de programme pour cette ONG.
Enfin, alors que de très nombreux agriculteurs et agricultrices utilisent des pesticides chimiques toxiques qui détruisent les sols, KRC lutte avec d’autres membres de la société civile ougandaise pour mettre sur pied une stratégie nationale pour l’agroécologie.







