UE-Mercosur : la mobilisation se poursuit contre cet accord perdant-perdant
Alors que la Commission européenne a adopté les textes du si controversé accord commercial ouvrant la voie à son approbation, organisations agricoles, syndicats, associations continuent à réaffirmer leur opposition ferme au traité.
Le mercredi 3 septembre, une nouvelle étape a été franchie : la Commission européenne a adopté les textes de l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, ouvrant la voie à son approbation finale par le Conseil et le Parlement européens d’ici la fin de l’année ou début 2026.
Pour la Commission et les Etats européens favorables à l’accord, comme l’Allemagne et l’Espagne, c’est un accord gagnant-gagnant ! Parce qu’il va favoriser les industries exportatrices européennes et le secteur agroalimentaire du Brésil, de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay qui forment ensemble le Mercosur. La Commission y voit aussi un moyen de s’affranchir de la dépendance de la Chine, principalement pour les minerais rares, et de compenser l’impact des droits de douane imposés par Donald Trump.
Pour la société civile, les citoyennes et citoyens, organisations agricoles, syndicats, associations réunis le lendemain en front commun en face du Parlement européen, l’accord commercial UE-Mercosur est plutôt un accord perdant-perdant !
Économiquement, il se fera au détriment des agriculteurs et agricultrices de petite et moyenne échelle en Europe et en Amérique latine ainsi que des industries et services du Mercosur. De plus, sa mise en œuvre sera néfaste pour l’agriculture, la santé, l’environnement, le climat, la biodiversité, les droits sociaux et les droits humains.
Or, en l’absence de mécanisme de plainte et de sanction permettant de rendre contraignant le chapitre de l’accord sur le développement durable, ce traité ne comporte aucun garde-fou suffisant pour limiter les impacts liés à sa mise en œuvre. Les promesses de la Commission à intervenir en cas d’impacts négatifs de l’accord sur certaines filières agricoles ne font pas partie du texte de l’accord juridiquement contraignant et n’engagent donc pas les pays du Mercosur. Plutôt que de supprimer les mécanismes qui nous mettent en danger, la Commission nous vend quelques rustines pour nous amadouer.
Pire encore, alors qu’en 2019, on nous avait promis de réouvrir les discussions pour résoudre les failles de la version précédente, la renégociation de l’accord a abouti à une version encore plus mauvaise du texte, avec un mécanisme de rééquilibrage qui permet désormais au Mercosur de demander des compensations en cas d’impact des législations européennes sur ses exportations. Une mesure qui menace en particulier le règlement européen sur la déforestation. Un comble alors qu’au Brésil, la fin du moratoire sur le soja va réouvrir la porte à la destruction de la forêt amazonienne au profit de la culture du soja !
Des craintes partagées par certains Etats membres qui ont plusieurs fois demandé à la Commission européenne de revoir sa copie. Mais cette dernière a préféré opter pour un passage en force. Pour faciliter l’adoption de cet accord commercial controversé, elle modifie les règles du jeu en cours de route : elle scinde l’accord et outrepasse ainsi le mandat qui lui a été donné.
C’est pourquoi le jeudi 4 septembre, les manifestant·es rassemblé·es sur la Place de Luxembourg à Bruxelles étaient encore plus en colère ! La Belgique et l’UE doivent tenir compte de l’avis de leurs citoyen·nes. Ratifier un accord qui met en péril les revenus agricoles, le climat, les droits des travailleurs, la santé des consommateurs et la biodiversité n’est pas une option !
Nous refusons un commerce qui piétine l’environnement, les droits humains, la souveraineté alimentaire et qui favorise le dumping social. Stopper l’accord UE-Mercosur
traité UE-Mercosur
Accord UE-Mercosur
l’accord d’association entre l’UE et le Mercosur
traité de commerce entre l’Union européenne et les pays du Mercosur
est le premier pas vers des accords commerciaux et des systèmes alimentaires justes et durables !
Cet texte est une adaptation du discours de Sophie Wintgens, chargée du Commerce au CNCD-11.11.11, lors du rassemblement à Bruxelles le 4 septembre.







