Baromètre 2024 de la solidarité internationale

La majorité des Belges soutient l’aide au développement, la sortie des énergies fossiles, la justice fiscale et la régularisation des sans-papiers, mais près d’un Belge sur deux est favorable à une « pause environnementale ».

Le CNCD-11.11.11 publie, en collaboration avec Le Vif, le Baromètre 2024 de la solidarité internationale, afin de sonder l’avis des Belges sur les grands enjeux internationaux. Il révèle qu’un Belge sur deux est favorable à une augmentation de l’aide au développement coopération au développement
aide publique au développement
aide au développement
et à la régularisation des sans-papiers, que deux Belges sur trois souhaitent sortir des énergies fossiles et intégrer des mesures miroirs dans les accords de commerce commerce juste et durable
accords de commerce
, et que trois Belges sur quatre souhaitent abolir les paradis fiscaux, instaurer un impôt sur les grandes fortunes et adopter une réforme fiscale visant à réduire la taxation des revenus du travail et à augmenter la taxation des revenus du capital.

Le soutien des Belges à l’aide au développement ne faiblit pas

Comme en 2023, 50% des Belges pensent qu’il faudrait augmenter l’aide publique au développement pour lutter contre la pauvreté, contre 27% qui pensent qu’il faudrait réduire l’aide et 23% qui pensent qu’il ne faudrait rien changer.

Près d’un Belge sur deux (44%) souhaite que la Belgique augmente son aide au développement de 0,44% à 0,7% de ses richesses, pour respecter l’objectif international des pays donateurs, tandis que seulement 17% des Belges y sont défavorables (les autres étant sans avis).

La lutte contre le changement climatique Justice climatique
changement climatique
changements climatiques
continue d’être soutenue par une large majorité de Belges, mais le sujet polarise et la contestation gagne du terrain

Une large majorité de Belges continue de soutenir les mesures du Green Deal Green Deal
Pacte vert européen
européen visant à lutter contre le dérèglement climatique, mais avec une tendance à la baisse par rapport au Baromètre 2023. En outre, la part des opposants grandit, essentiellement du fait qu’un nombre croissant de « sans avis » d’hier s’oppose aujourd’hui aux politiques climatiques :

67% des Belges se déclarent favorables à des politiques visant à « investir dans les énergies renouvelables et sortir des énergies fossiles », contre 74% en 2023, tandis que 28% y sont défavorables (contre seulement 9% en 2023).

60% des Belges (contre 64% en 2023) souhaitent réduire les émissions européennes de gaz à effet de serre de 55% en 2030 par rapport à 1990, comme l’a décidé l’Union européenne, mais 35% s’y opposent (contre seulement 11% en 2023).

Comme en 2023, 59% des Belges souhaitent réformer la politique agricole européenne pour favoriser une agriculture moins intensive et plus respectueuse de l’environnement, mais 37% s’y opposent (contre seulement 14% en 2023).

60% des Belges sont favorables à une taxe carbone aux frontières de l’UE (contre 61% en 2023), mais 32% s’opposent (contre 14% en 2023).

Comme en 2023, 59% des Belges souhaitent financer le Fonds vert pour le climat Fonds vert pour le climat pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, mais 41% s’y opposent (contre 17% en 2023).

72% des Belges soutiennent l’économie circulaire (contre 74% en 2023), afin d’exiger des entreprises le recyclage complet des ressources naturelles incorporés dans les produits, mais 25% s’y opposent (contre seulement 7% en 2023).

68% des Belges se déclarent en faveur de politiques de rénovation des bâtiments (contre 73% en 2023), mais 29% s’y opposent (contre seulement 8% en 2023).

En toute logique, le sujet qui a toujours été le moins populaire dans les baromètres précédents, à savoir le remplacement des voitures à moteurs thermiques par des véhicules électriques, tel qu’il est prévu à l’horizon 2035 dans l’UE, continue de diviser la population belge : le nombre de Belges défavorables augmente de 41% à 48% entre 2023 et 2024. En revanche, la part des Belges favorables à ce changement augmente de 27% à 32% (31% des Belges y étaient favorables en 2022 et 39% en 2021).

Une série de questions posées pour la première fois sur le sentiment des Belges envers la question climatique permet d’approfondir le sujet : près de six Belges sur dix pensent que les politiques actuelles sont insuffisantes pour protéger l’environnement, disent adopter régulièrement des comportements visant à réduire leur empreinte écologique, et sont préoccupés par la perte de biodiversité. Un Belge sur deux se dit même prêt à modifier en profondeur son mode de vie pour faire face au dérèglement climatique, mais un Belge sur deux affirme dans le même temps éprouver un sentiment de lassitude face aux informations sur le changement climatique.

Et si parmi les Belges qui ont un avis au sujet du Green Deal européen, 71% souhaitent le maintenir et même pour certains renforcer ses objectifs, 47% des Belges sont favorables à une « pause » dans les réglementations environnementales européennes, afin de ne pas imposer des normes trop contraignantes aux agriculteurs européens.

Si une majorité de Belges reste engagée en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique, une part croissante de la population se laisse séduire par les discours climato-sceptiques ou éco-réalistes qui rejettent les politiques climatiques ou qui souhaitent stopper les politiques de restauration de la nature.

Les Belges continuent de plébisciter la justice fiscale justice fiscale
Justice fiscale
Justice Fiscale
et demandent à la coalition Arizona d’adopter une réforme fiscale allant dans ce sens

En matière de fiscalité, le Baromètre 2024 confirme la tendance des baromètres précédents : la justice fiscale est plébiscitée par les Belges :

77% des Belges souhaitent durcir les mesures visant à abolir les paradis fiscaux et 70% soutiennent l’instauration d’un taux d’impôt minimum mondial sur les bénéfices des sociétés, tel que décidé par l’OCDE. Pour plus d’un Belge sur deux, il faudrait en outre augmenter le taux minimum mondial de 15% adopté par l’OCDE.

74% des Belges soutiennent l’instauration d’un impôt sur les grandes fortunes en Belgique (sur les patrimoines supérieurs à 1 million EUR hors résidence principale), contre 80% en 2023, 74% en 2022 et 64% en 2021. En outre, 76% des Belges sont favorables à l’instauration d’un taux d’impôt minimum mondial de 2% sur la fortune des 3 000 milliardaires, tel que proposé par une étude commandée cet été par le G20.

Le Baromètre 2024 a également interrogé les Belges sur la réforme fiscale envisagée par la future coalition Arizona. Les résultats sont clairs : 70% des Belges sont favorables à une réforme fiscale visant à réduire la taxation des revenus du travail, en particulier les faibles revenus, et à augmenter la taxation des revenus du capital, en particulier les plus hautes revenus. Seuls 8% des Belges sont opposés à une telle réforme. Les Belges qui ont voté en juin dernier pour les partis qui négocient la coalition Arizona y sont nettement favorables : 68% des électeurs du CD&V, 63% des électeurs de la N-VA, 75% des électeurs de Vooruit, 74% des électeurs du MR et 81% des électeurs des Engagé.e.s sont dans ce cas. De manière plus spécifique, près d’un Belge sur deux est favorable à une taxation des plus-values (contre seulement 19% opposés et le reste qui n’a pas d’avis).

Enfin, une majorité des Belges est favorable à l’instauration d’impôts européens visant à mobiliser des ressources propres pour financer le plan « Next Generation », tels qu’un impôt européen sur les grands patrimoines (70% favorables), les profits des sociétés (66%), les déchets plastiques (58%), le kérosène et les billets d’avion (55%) ou sur les transactions financières internationales (51%). Seul la taxe européenne sur les services numériques n’est pas soutenue par la majorité des Belges (37%).

La majorité des Belges souhaite intégrer des normes sociales et environnementales normes sociales et environnementales dans les accords de libre échange

53% des personnes sondées estiment que les accords commerciaux négociés par l’Union européenne devraient intégrer des normes sociales et environnementales contraignantes incluant un mécanisme de sanction (contre seulement 7% opposés à de telles normes et 14% souhaitant ces normes mais sans qu’elles soient contraignantes, le reste étant sans avis).

65% des Belges sont en outre favorables à ce que l’UE introduise des « mesures miroirs » dans les accords de commerce qu’elle négocie avec les pays tiers, contre seulement 4% qui sont opposés à de telles mesures visant à éviter la concurrence déloyale en matière de normes environnementales et sanitaires, en particulier en matière agricole.

La majorité des Belges soutient la souveraineté alimentaire Souveraineté alimentaire durable

Pour répondre à la crise alimentaire dont sont victimes un nombre croissant de pays en développement, les Belges privilégient le renforcement de la souveraineté alimentaire pour être en mesure de nourrir leur propre population (69% d’avis favorables), ainsi que l’instauration d’un système multilatéral de gestion des stocks alimentaires pour réguler les marchés agricoles et enrayer la volatilité des prix (62% d’avis favorables) et l’instauration d’un mécanisme obligeant les principaux pays producteurs à fournir une aide au Programme alimentaire mondial (58% d’avis favorables).

En réponse à la crise agricole en Europe, 62% des Belges souhaitent augmenter le soutien financier au monde agricole, mais en privilégiant les exploitations agricoles respectueuses de la nature. Seuls 11% des Belges souhaitent maintenir la Politique agricole commune Politique agricole commune La Politique agricole commune (PAC) vise à assurer une politique agricole commune aux pays de l’Union européenne. Elle a d’abord consisté à garantir la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs en Europe, puis a été réformée à plusieurs reprises à partir des années 1990 pour respecter les accords de l’OMC. de l’UE telle qu’elle est aujourd’hui.

La majorité des Belges reste favorable à la régularisation des sans-papiers

Le Baromètre 2024 de la solidarité internationale confirme la tendance observée ces dernières années : la majorité des Belges (54%) sont favorables à la régularisation et à l’octroi d’un permis de travail aux personnes sans papiers qui résident depuis au moins 5 ans en Belgique. Certes, ils étaient 58% en 2023, mais après une augmentation de 31% en 2021 à 54% en 2022. Seuls 20% des Belges y sont défavorables (contre 21% en 2023). La pénurie croissante de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs est une explication de l’évolution de l’approche des Belges envers les sans-papiers.

En matière d’asile et de migration, près d’un Belge sur deux (48%) continue de soutenir les mesures de protection temporaire prises en faveur des réfugiés ukrainiens. D’autre part, 40% des Belges pensent que tous les demandeurs d’asile fuyant la guerre ou la persécution, indépendamment de leur pays d’origine, devraient être accueillis dans les mêmes conditions que les réfugiés ukrainiens (contre 44% en 2022 et 41% en 2023), tandis que 31% pensent le contraire (contre 29% en 2022 et 34% en 2023).

Enfin, 52% des Belges soutiennent l’ouverture de voies sûres et légales de migration voies sûres et légales de migrations
voies sûres et légales de migration
sur base de critères objectifs et transparents et 63% souhaitent réviser le Règlement de Dublin pour répartir équitablement les demandeurs d’asile entre les Etats membres.

La majorité des Belges sont pour la paix en Palestine

Le Baromètre 2024 a également interrogé les Belges sur le conflit israélo-palestinien. 73% des Belges demandent un cessez-le-feu immédiat à Gaza et 49% sont favorables à l’interdiction de l’importation des produits fabriqués dans les colonies israélienne en Palestine, afin de ne pas contribuer à leur financement (14% sont défavorables à cette mesure et le reste est sans avis).

Le Baromètre 2024 de la solidarité internationale a été réalisé entre le 19 septembre et le 3 octobre par Dedicated Research sur un échantillon représentatif de 1.504 Belges âgés de 18 ans et plus. La marge d’erreur maximale est de 2,54%.